Fleurs d’Ici, la première marque de fleurs éthiques et 100 % françaises
19 mars 2021
Ancienne grand reporter pour la presse française et la BBC, Hortense Harang a cofondé avec Chloé Rossignol Fleurs d’Ici, la première marque de fleurs éthiques et 100 % françaises. Une première illustration française d’un mouvement anglo-saxon qui s’appelle le slowflower avec pour objectif de faire rayonner la fleur française et le travail des horticulteurs et fleuristes français.
Comment est venu le concept fleur d’ici ?
« Nous nous sommes beaucoup inspiré des pratiques dans l’alimentaire. Les circuits courts qui ont permis de resaisonnaliser et relocaliser la consommation sur les fruits et les légumes. Aujourd’hui, 9 fleurs sur 10 sont importées de pays en voie de développement. Il nous a donc paru important de redonner au consommateur une meilleure idée de la saisonnalité et de la provenance des fleurs. »
Quel est l’impact écologique d’un mode de consommation des fleurs non-responsable ?
« Aujourd’hui, un bouquet de 30 roses importées est l’équivalent carbone d’un Paris-Londres en avion. En France, le marché de la fleur est assez important environ 3,5 milliards par an, nous sommes donc sur des impacts assez massifs. De plus, toutes ces fleurs importées sont cultivées hors saison dans des serres éclairées et chauffées. »
Quels sont les indispensables d’une charte environnementale selon vous ?
« Chez Fleurs d’Ici, nous souhaitons prendre en compte toute la chaîne de valeurs dans la façon dont nous établissons notre charte environnementale et sociale. Nous n’avons pas seulement une partie dédiée à l’environnement, nous portons également beaucoup d’attention sur la répartition de la valeur des produits que l’on vend. Nous essayons donc de créer un produit durable d’un point de vue environnemental et sociétal. »
Très engagée au niveau social, vous avez été lauréate du prix de l’Entrepreneur Social du Boston Consulting Group il y a 1 an. Pourquoi est-il important pour vous d’être à la fois en entreprise engagée au niveau environnementale et sociale ?
« Nous pensons qu’il faut avoir une vision écosystémique des problèmes, des marchés et de la consommation. Penser aussi bien à la redistribution de la valeur qu’à l’impact environnemental. »
Quelles ont été les problématiques que vous avez rencontrées lorsque vous avez créé votre concept ?
« Le plus compliqué a été de donner aux consommateurs une autre vision des fleurs. Par exemple, la fleur traditionnelle de la Saint-Valentin est la rose rouge. Toutefois, en France, la rose rouge ne pousse pas au mois de février, elle pousse de mai à novembre. En revanche, au mois de février, il existe d’autres fleurs, mais pour cela il a fallu que le consommateur accepte de repenser le produit, de nous faire confiance sur les codes de ce qui est beau, du luxe qui symbolisent l’amour. Les gens n’achètent donc plus un produit, mais des valeurs attachées à ce produit. »
Comptez-vous réitérer cette opération pour les prochaines fêtes ?
« Chaque année, Fleurs d’Ici a pour habitude de substituer la rose rouge avec une autre fleur locale et de saison. Notre idée est d’apporter tous les ans une nouvelle incarnation tout aussi belle mais plus durable. »
D’où proviennent vos fleurs et qu’elles sont leurs points d’étapes avant de les recevoir à domicile ?
« Lorsque vous commandez des fleurs sur Fleurs d’Ici, elles sont préparées par un fleuriste artisan que nous avons sélectionné pour la qualité de son savoir-faire. Ce dernier va aller se fournir chez des producteurs locaux. Puis elles seront livrées par un livreur utilisant un moyen de locomotion dé carboné et gagnant sa vie décemment. »
Existe-t-il des indicateurs pour contrôler ces points-là ?
« Nous regardons le nombre de tonnes carbone économisées, c’est-à-dire que sur chaque fleur qui passe par notre service correspond à autant de fleurs importées en moins. Nous savons que nous divisons l’impact carbone par 30, les indicateurs de performance économique et environnementale sont donc très liés. »
Quels sont vos prochains objectifs ou vos plus grands rêves ?
« Nous sommes en train de finir une autre levée de fond, car nous avons découvert qu’à travers le marché de la fleur, nous avons développé une suite digitale et un savoir-faire très particulier qui nous permet d’agréger des producteurs agricoles locaux avec des artisans transformateurs locaux et des livreurs locaux.
Malheureusement, il existe encore beaucoup de produits agricoles qui font 50 fois le tour de la terre. Notre idée est donc de faire en sorte de relocaliser toutes les filières de l’agriculture et toutes les autres filières qui peuvent aujourd’hui souffrir des travers de la mondialisation. »
Dans le cadre d’une collaboration pour un évènement, est-il important pour vous que vos partenaires partagent la même vision que vous et pourquoi ?
L’avantage avec la fleur c’est que c’est un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour l’humanité. C’est-à-dire que c’est quelque chose de facile à changer, car nous appontons une solution d’aussi grande qualité et au même prix que ceux qui ne font pas de la fleur française. Il n’y a que des bons côtés, mais nous voyons souvent avec nos partenaires que c’est le début d’une réflexion plus globale sur ce qu’ils pourraient changer dans leur façon de faire. L’idée est donc d’être la locomotive. La fleur n’est pas forcément au cœur de l’activité de chacun, mais par contre elle est souvent le début d’une réflexion pour essayer de rendre plus durable tout l’écosystème avec lequel les gens travaillent. »
Quel message souhaitez-vous faire passer à travers vos fleurs éthiques et 100 % françaises ?
« Notre idée est de donner à voir qu’il existe aujourd’hui des alternatives aux façons qu’on a de consommer qui ne sont ni plus chers ni plus complexes d’accès et qui sont tout aussi qualitatives. »
Un grand merci à l’équipe Fleurs d’Ici !
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