Focus sur l’artiste-designer Gérald Schmite.

23 avril 2024

Inclassable et protéiforme, cette première collection de céramiques de Gérald Schmite s’inspire librement du répertoire iconographique de la peinture et de la sculpture classiques pour mieux en subvertir les conventions dans une réinterprétation contemporaine toute personnelle. À la fois héritières de l’art ancien et farouchement dissidentes, ses pièces agrègent des esthétiques hétérogènes qui bousculent joyeusement leurs lointains modèles. Schmite renverse les codes comme il retourne ses vases, affectant leur apparent classicisme d’un trouble provocateur.

Le télescopage des références et des styles produit de déroutantes cohabitations au sein de sa famille recomposée de céramiques où l’on croise sans hiérarchie Saint Georges, Louis XVI et la déesse Héra. La beauté y côtoie sans cesse l’étrangeté et la facétie : en témoignent son grave Holopherne reconverti en soupière ou son majestueux Henri IV émergeant en bougeoir du feuilleté de plis de sa fraise pléthorique.

Cette collection singulière dessine ainsi un monde baroque peuplé d’objets qui exagèrent et débordent : vases ventrus abondant d’ébauches décoratives, lampes aux reliefs déchaînés, crucifix tourbillonnants… Le traitement de la couleur participe également de cette mise à jour flamboyante d’un passé imaginaire : bleus profonds, verts acides et rouges vertigineux achèvent de conférer un lustre insolent à ses faïences atemporelles.