
Virgil Abloh : The Codes – un hymne au geste visionnaire
07 octobre 2025
Quand le Grand Palais entrouvre ses portes à The Codes, ce n’est pas simplement une rétrospective. C’est une traversée de mémoire, une célébration des strates invisibles du processus créatif de Virgil Abloh. Né en 1980, disparu en 2021, Virgil n’a jamais accepté les frontières : celles entre mode et rue, design et architecture, luxe et culture populaire. Ici, sa pensée se déploie dans ses traces, dans ses archives, plus de 20 000 pièces : croquis, prototypes, objets du quotidien, images et œuvres finies.
Organisée par Chloe Sultan et Mahfuz Sultan pour le Virgil Abloh Archive, en partenariat avec Nike, The Codes n’est pas une mise en vitrine mais un manifeste. Chaque espace thématique révèle les principes de design (les “codes”) qu’Abloh cultivait : le collage, le détournement, la citation, l’inachevé, l’expérimentation collective. Ces “codes” irriguent tout son univers, depuis ses premiers jours à Chicago jusqu’aux commandes chez Louis Vuitton.
L’exposition joue subtilement du contraste entre intimité et grandeur. On y trouve des croquis fragiles, des imprimés esquissés, des pièces ne prototypes jamais commercialisées autant de traces d’une pensée en veille, en germination. Puis surgit la monumentalité : collaborations spectaculaires, sneakers iconiques, installations immersives, espaces reconstitués comme celui du mythique concept store Colette. L’objet boutique devient décor, le décor devient objet.
Mais The Codes ne s’arrête pas au rendement visuel. Il interroge ce qu’on voit rarement : le dialogue, la collectivité, la transmission. Abloh croyait que la création n’était pas un soliloque mais un chœur. Des ateliers, des performances, des tables rondes, et des projections prolongent l’expérience, donnent voix à ceux qui, autour de lui, ont façonné ce langage partagé. Enfin, l’exposition est bâtie comme un pont : entre le passé et le présent, entre l’objet et l’idée. Elle signe l’importance de l’archive, non comme un mausolée mais comme un tremplin. Car ce que révèle The Codes, c’est que le véritable héritage de Virgil Abloh vit dans ceux qui regardent, remixent, déconstruisent, recréent. Ce créateur avait pour ambition de démystifier le luxe, de rendre accessible une culture souvent élitiste. Celui qui affirme : “changer un objet de 3% le rend nouveau” y pose un acte radical, non pas seulement de style, mais de pensée.
Certains, comme notre fondatrice Hélène OLIVIER s’est rendue à cette exposition d’avantage pour la réminiscence du concept store Colette que pour l’exposition Virgil Abloh en elle-même. En effet, c’est l’un des aspects les plus médiatisés de l’exposition : la reconstitution du concept store Colette, qui a fermé ses portes en 2017 et dont Sarah et sa mère jurèrent qu’elles ne réouvriraient jamais.
Dès l’entrée dans l’exposition, on aperçoit une reconstitution de la façade, de la structure et de l’atmosphère du magasin Colette jusqu’à l’odeur de figue d’antan, celle qui ont marqué les déjeuners des samedis midi, et où on pouvait apercevoir Kate Moss, autant que les habitués avec leurs poussettes yoyo.
On est à mi-chemin entre un hommage nostalgique, et une « réactivation » dans une version contemporaine de ce lieu culturel emblématique qui a beaucoup influencé la mode contemporaine, et un clin d’œil aux talents émergents que la boutique a toujours eu à cœur de soutenir et promouvoir. On repart avec notre bougie à la figue et des souvenirs des jours heureux.